vendredi 28 mai 2010

Charleville - Place Ducale

Une ville avec une place centrale conviviale, c'est toujours appréciable. Nancy en est le plus bel exemple Lorrain.
Quand en plus il y a des arcades, c'est bien agréable, comme à Pont à Mousson.
Comment ne pas citer aussi la place des Quinconces à Bordeaux, la place du Capitole à Toulouse, la place Nationale de Montauban…

Charleville possède une bien jolie Place Ducale, cousine de la place des Vosges à Paris, puisque les architectes respectifs étaient frères. Et la ville est toute récente, puisque construite autour de cette place qui date du début du 17ème siècle. Rencontre d'un matériau typique du Nord (la brique) et d'une pierre calcaire Lorraine (la pierre de Jaumont), mariage heureux du rouge et du jaune. Je présume que la pierre Lorraine a voyagé jusqu'ici grâce à la Chiers qui rejoint la Meuse en aval, peu avant Sedan.

La place ne manque pas de charme et possède un côté brut (en ce sens qu'il n'y a pas de restaurations clinquantes) fort sympathique. On trouve encore sur les façades d'anciennes inscriptions plus ou moins effacées, plus ou moins superposées, témoins des anciennes activités commerçantes.

Hélas elle est encombrée de voitures qui y circulent et y stationnent, et, exceptionnellement mardi, des restes peu ragoutants d'une fête de la bière, en cours de démontage....

Il semblerait qu'un projet piétonnisation soit envisagé, mais il ne fait pas l'unanimité des riverains qui y voient la mort de leur belle place. N'y a-t-il as eu le même débat à Nancy qui ne reviendrait pour rien au monde sur son choix !





























(Photos du 25 mai 2010)

jeudi 27 mai 2010

Y a quelque chose qui cloche ?

Bon… je n'ai rien dit, moi ! S'ils pensent que ce sont les cloches qui ont apporté des œufs dans le jardin , je n'y suis pour rien… mais l'idée que des bonbons puissent tomber du ciel, ça me plait bien ! Et si en plus ces bonbons sont des œufs en chocolat, on ne va pas leur enlever le plaisir de les dénicher entre les primevères et sous le lierre. Leur joie fait plaisir à voir et m'ôte tout remord.







Si le garçonnet est en bleu et la fillette en rose, c'est pour ne pas se tromper !



(Photos du dimanche 4 avril 2010, ça va de soi !)

mercredi 19 mai 2010

Une journée luxembourgeoise (3- Les falaises de Berdorf)

L'exploration se poursuit sur de petites routes paisibles par un itinéraire hésitant. Nous traversons d'autres villages aux toits d'ardoises, d'autres vertes prairies, d'autres forêts et découvrons parfois, au détour d'un virage, un château fièrement campé sur un éperon rocheux.
Le paysage change, devient plus tourmenté et bientôt, la route longe de curieuses falaises. Nous sommes dans la petite Suisse Luxembourgeoise, (quel pays, quelle région n'a pas sa "petite Suisse" ?). Le site de Berdorf auquel nous accédons par le haut est des plus surprenants ! Le village domine la vallée de la Sûre qui le contourne 200 m plus bas. Un parcours aménagé dans les rochers permet de découvrir les curiosités chaotiques que les caprices de l'érosion ont créées dans le grès fissuré. L'endroit est sombre, les falaises moussues et notre errance bien agréable.
Bravant mes appréhensions, je suis même descendue dans l'"antre des brigands" dont on ne voyait pas le fond par une échelle installée dans un passage étroit et obscur.








On accède à l'ile du Diable par une passerelle métallique… même pas eu le vertige !






Sur le retour, dans ma demi torpeur, je me vois sur ces routes, sous un soleil de plomb, longeant la Sûre, découvrant des falaises dans une forêt sombre, buvant en terrasse sur la place d'Echternach une incontournable bière Bofferding, (celle de la sempiternelle publicité sur RTL). J'ai 17 ou18 ans. Ai-je rêvé?

Nous n'aurons pas le temps de "pousser" jusqu'au vignoble et la Moselle. Notre programme était ambitieux. Cette virée a un goût de reviens-y !

Passage rapide à Luxembourg pour récupérer notre chariote et 15 min plus tard, nous sommes de retour à Z* où une jolie table et une non moins jolie M* nous attendent. C* troque sa casaque de chef explorateur contre une tenue de cuisinier. Nous ferons une étape récupératrice très conviviale.

Nous débarquons un premier passager à Metz, sans omettre un inévitable détour par le CPM qui s'offre à nos objectifs de toutes ses chaudes lumières… dans la nuit froide.
Le second passager est déposé à minuit à Nancy.


Un grand merci à C*, notre guide pour l'organisation, à D*, Y* et P*, mes compagnons d'expédition. Merci à M* pour son accueil. Une journée amicale et chaleureuse : on en redemande.

oOo


Encyclopédie Mamléanesque : les "grès de Luxembourg" sont des formations détritiques sableuses résultant de l'érosion de la chaine ardennaise pendant le Trias que l'on qualifie de Germanique (comme en Lorraine). Ces grès ont subi les outrages des glaciations quaternaires qui ont contribué à leur donner l'aspect chaotique les rendant attrayants à divers titres. Je ne trouve hélas nulle part de données scientifiques mais on trouve sur internet quelques explications globalement satisfaisantes sur la géomorphologie du coin.
La forêt (hêtraie) a un caractère montagnard, acidiphile, on y trouve du houx, de la myrtille, de jolies touffes d'oxalis, des luzules, des fougères… mais aussi de l'aspérule odorante….
Les rochers abritent des chiroptères et la forêt est un havre ornithologique à préserver. La pratique de l'escalade, la circulation et même le tabagisme y sont règlementés.
Berdorf se situe dans un parc naturel transfrontalier, germano-luxembourgeois dont l'emblème comporte 2 feuilles de houx. Il semblerait que la législation Luxembourgeoise soit un peu légère dans ce domaine.

lundi 17 mai 2010

Une journée luxembourgeoise (2- Vallée de la Sûre)

Le Scénic s'engage sur les petites routes pittoresques du Grand Duché, allant de village en forêt, de prairie en vallée jusqu'à celle de la Sûre.
La campagne est agréable, le paysage vallonné témoigne de l'appartenance au massif hercynien de l'Ardenne luxembourgeoise. Les roches schisteuses visibles ça et là sur les bas-côtés le confirment.
Les villages sont proprets et je suis d'accord avec C* sur le fait qu'il s'en dégage une impression de sérénité sans trop savoir dire pourquoi ! Peut-être par l'absence d'éléments abandonnés : rien ne traine, tout est entretenu, fraichement tondu, taillé, fleuri. Aucun crépi ne s'écaille, il ne traine aucune carcasse de véhicule ou d'engin agricole. On sent que le niveau de vie moyen est élevé et que si la misère existe probablement comme partout, elle est invisible ! Nous sommes loin de notre civilisation latine !
Après avoir suivi un itinéraire improbable au milieu de belles hêtraies dont le feuillage est encore bien tendre, nous plongeons sur la vallée de la Sûre, "Sauer" en patois local, ("acide" ou "aigre" comme la choucroute, die Sauerkraut germanique). Acide, donc, la rivière a rongé les antiques terrains schisto-gréseux, creusant une vallée encaissée bien pittoresque, où les rives du lac de barrage sont convoitées pour les loisirs et pique niques dominicaux des Luxembourgeois. J'ai rarement vu un tel concentré de terrains de camping, caravaning et mobil home dans nos régions septentrionales. Malgré la fraicheur, on y barbecuit en groupe d'odorantes sardines et saucisses que des enfants peu frileux vêtus d'un simple T-shirt dévoreront rapidement entre deux parties de ballon ou de cache-cache. Plusieurs véhicules pavoisent fièrement des origines portugaises avec un ostensible drapeau largement déployé sur le haillon arrière !
Nous avalons notre sandwich tiré du sac sur le bord du lac où l'immobilité et l'humidité renforcent la sensation de fraîcheur. J'ai revêtu une tenue anti-froid et un peu regretté de n'avoir pas prévu une protection "grand-froid".





Quand je dis qu'il fait froid par ici !...




Le barrage d'Esch-sur-Sûre.


Le barrage : c'est un barrage voûte qui prend appui sur des roches schisteuses, le barrage a nécessité un impressionnant ancrage renforcé sur sa rive droite.
Si Malpasset avait été ainsi conçu, c'est-à-dire si on avait fait une étude géologique sérieuse, il ne serait pas arrivé ce qui est arrivé : Une certaine nuit de décembre 1959, la pression de l'eau a fait glisser les unes sur les autres les couches schisteuses au pendage dans le mauvais sens, en outre faillées, provoquant la rupture du barrage et la mort de plus de 400 personnes.


(Photos du 13 mai 2010)



Encyclopédie Mamléanesque : La Sûre prend sa source en Belgique à Vaux-les-Rosières, à 510 m d'altitude. Après un cours de 206 km, le long duquel elle reçoit sur sa rive droite l'Alzette comme affluent principal, elle conflue avec la Moselle à Wasserbillig (littéralement = eau à bon marché), village sur la frontière avec l'Allemagne. Altitude 132 m.

(À suivre !)

Une journée luxembourgeoise (1- Esch-Belval)

L'omnibus Peugeot démarre de bonne heure de Toul pour suivre les rails de l'A31 en direction du pôle nord !
Premier arrêt à Maxéville, second à Metz. Arrivée sub-ponctuelle dans un village nord-Lorrain au nom imprononçable aux sud Meurthe-et-Mosellans que nous sommes, mais dont les autochtones ne sont eux-mêmes pas d'accord sur façon de appeler leur village? Qu'on me tolère donc quelque liberté de prononciation par ailleurs invisible dans ce texte. Au-delà, de Z*, il n'y a que des étrangers (c'est un habitant de Z* qui le dit !). Le but de notre voyage est d'explorer leur territoire méconnu.

Les passagers se serrent dans l'étroit wagon que constitue notre berline trois portes. Correspondance à Luxembourg-ville où nous changeons de voiture contre une autre plus spacieuse. Quelques minutes de battement nous permettent de visiter hâtivement un bâtiment spécifique de l'économie locale ; d'y d'avaler une boisson chaude afin de prendre quelques forces avant d'affronter le rude climat local. En ce jeudi 13 mai de l'Ascension, nous bénéficierons d'un temps relativement clément : la pluie nous épargnera et le thermomètre ne descendra pas en dessous de 5°C.
C*, chef d'expédition, revêt sa livrée de cocher et sa casquette de guide. Nous embarquons les provisions de survie et mettons cap vers l'ouest, direction Esch-Belval.

Cet endroit présente les traces d'une population laborieuse qui construisit là des bâtiments monstrueux dont les vestiges ne donnent qu'une faible idée de l'activité qui régna ici au siècle dernier. Il va sans dire que pour bien comprendre, il y faudrait "le bruit et l'odeur" ; les fumées et les incandescences. Tout ici est tuyauteries, tours, halls, cheminées… où métal rouillé et brique voisinent avec des matériaux plus rares tels que cuivre, acier zingué. Il n'y pas si longtemps qu'une civilisation industrielle prospère y produisit dans trois hauts fourneaux d'énormes quantités d'acier(s) ! Deux hauts-fourneaux sont encore miraculeusement debout, objets de controverse entre un clan conservateur qui souhaite préserver la mémoire ouvrière et quelques progressistes qui préfèreraient tirer un trait sur le passé en rasant tout. Les premiers ont en partie gagné, puisque si un des HF a été démonté et vendu aux chinois (contre une poignée de T-shirts ?), les deux autres ont été classés Monuments Historiques. Reste à les mettre en valeur ! Pour l'instant, une ville futuriste se construit tout autour, toute de verre, d'acier et de béton. C'est un gigantesque chantier surréaliste qui contraste avec les restes de l'aciérie qu'il ceint. Construction contre déconstruction. Passé manuel contre futur intellectuel. Usine contre bureaux, universités, commerces…. De chaque coin de rue, on a une vue plus ou moins furtive, plus ou moins fantastique sur l'aciérie. La ville nouvelle est comme une coque protectrice. Souhaitons qu'elle n'en soit pas le sarcophage et que l'aciérie ressuscite sous forme d'espace ludique, culturel, historique… Quelle belle revanche pour les métallos si des enfants y jouaient au ballon dans les halls abandonnés, au pied des deux hauts-fourneaux sauvegardés !
Esch-Belval est reliée à Luxembourg-ville par une gare futuriste encore en chantier (Belval-universités) dont l'aspect est celui d'un monstrueux ver blanc.

En ce matin de jour férié, tout ici est calme et désert. Seul, sur le terrain des "Triplettes de Belval" (sic !), un petit groupe anachronique de trois ou quatre personnes prépare un repas champêtre près d'une tente marabout. On se croirait au cœur d'un film de science fiction !

















…is love !
L'installation sur la gauche est une œuvre d'art qui aurait sa place au CPM.
















La gare est coiffée d'un toit blanc très haute-couture qui n'est pas sans évoquer celui du CPM.

L'endroit étant quasiment désert, j'ai suivi à distance respectable ce groupe d'individus à la mine patibulaire, me demandant si c'étaient des voyous ou plutôt des vigiles comme le confirmerait leur regard multidirectionnel. Le premier étant armé, je suis restée sur mes gardes.


(Photos du 13 mai 2010)



Après nous être attardés plus longtemps que prévu et que de raison (?) nous nous arrachons de cet endroit bizarre, étonnant, captivant… que tous les qualificatifs de mon Petit Robert ne sauraient suffire à décrire.

(À suivre !)