dimanche 7 novembre 2010

Subway

Une bouche de métro m'avale avec ses quelques marches et me voici plongée dans les entrailles de la ville. Dédale de couloirs ; les gens pressés courent dans tous les sens, s'engagent sans hésiter dans une direction ou dans une autre. Monde de faïence blanche et de publicité omniprésente. Ici un accordéon anime une station. Là, une mendiante tend la main en réclamant une petite pièce pour manger.
J'enfile mon ticket, sitôt avalé sitôt recraché par la machine, en rêvant au vrai poinçonneur des Lilas, celui dont nous nous moquions dans les années 60 avec mes cousins qui habitaient près de ce terminus devenu mythique grâce à Gainsbourg. Les poinçonneurs empêchaient aussi l'accès au quai quand le métro était sur le point de démarrer. Ailleurs, c'était un portillon automatique derrière lequel les gens se pressaient, impatients. On parvenait parfois à les forcer !

Ligne 4 : Porte d'Orléans - Porte de Clignancourt, tant de fois parcourue que j'en connaissais par cœur la liste des stations : Denfert, Raspail, Vavin, Montparnasse… Voici Château d'eau : on descend à la prochaine ! Ou à la suivante durant les quelques années où un antique train au charbon nous emmenait de la Gare du Nord à Hirson.
Aujourd'hui, les stations sont très diversifiées et il y a en a de très jolies mais aussi de bien laides ! Les distributeurs de Coca y ont remplacé ceux de violettes de Flavigny et de cachous en boite carton…

Le métro est une gigantesque boite à sardine dans laquelle il est difficile de s'engouffrer à 18 heures quand on a les bras chargés de paquets. Ce qui m'est arrivé plus d'une fois quand mon grand-père m'envoyait acheter au BHV les accessoires de bricolage qu'on ne trouvait que là, au sous-sol du grand magasin. Plus d'une fois, j'ai vu passer un convoi bondé et dû attendre le suivant à peine moins bourré ! Signal du départ…le son n'a pas changé. Les odeurs sont également les mêmes : dans le métro parisien, la propreté est un devoir auquel les agents d'entretien ne défaillent qu'en cas de grève !
Nous sommes encore bien secoués dans certaine rames, c'est le paradis à côté du métro qui n'était pas encore sur pneu et grinçait de façon diabolique, secouant les passagers assis sur des banquettes en bois !
Il m'est aussi arrivé la chose surprenante et improbable de me trouver assise en face de mademoiselle Marion, prof de collège que je n'avais pas revue depuis des années, et de nous reconnaitre réciproquement.
Changement à Montparnasse, direction mairie d'Issy. Je fredonne dans ma tête un air de Reggiani : "Cent loups sont entrés dans Paris, soit par Issy, soit par Ivry…".

Convention.

Je débarque sur le quai, hésite entre deux sorties (côté Convention ou Vaugirard ?). Un courant d'air annonce l'extérieur. Quelques marches et je me retrouve sur le trottoir. Il fait nuit. L'air est doux. Pas le temps de regarder si c'est un édicule art Nouveau, art déco ou plus ordinaire par lequel je suis sortie. Je me presse vers le passage piéton pour traverser le boulevard : le feu est au rouge ! Je froisse dans ma poche le ticket périmé. Ce n'est plus l'heure de la nostalgie…

En fin de comptes, j'aime le métro, mais je me demande bien pourquoi ?






























(Photos des 30 et 31 octobre 2010)

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