lundi 17 mai 2010

Une journée luxembourgeoise (1- Esch-Belval)

L'omnibus Peugeot démarre de bonne heure de Toul pour suivre les rails de l'A31 en direction du pôle nord !
Premier arrêt à Maxéville, second à Metz. Arrivée sub-ponctuelle dans un village nord-Lorrain au nom imprononçable aux sud Meurthe-et-Mosellans que nous sommes, mais dont les autochtones ne sont eux-mêmes pas d'accord sur façon de appeler leur village? Qu'on me tolère donc quelque liberté de prononciation par ailleurs invisible dans ce texte. Au-delà, de Z*, il n'y a que des étrangers (c'est un habitant de Z* qui le dit !). Le but de notre voyage est d'explorer leur territoire méconnu.

Les passagers se serrent dans l'étroit wagon que constitue notre berline trois portes. Correspondance à Luxembourg-ville où nous changeons de voiture contre une autre plus spacieuse. Quelques minutes de battement nous permettent de visiter hâtivement un bâtiment spécifique de l'économie locale ; d'y d'avaler une boisson chaude afin de prendre quelques forces avant d'affronter le rude climat local. En ce jeudi 13 mai de l'Ascension, nous bénéficierons d'un temps relativement clément : la pluie nous épargnera et le thermomètre ne descendra pas en dessous de 5°C.
C*, chef d'expédition, revêt sa livrée de cocher et sa casquette de guide. Nous embarquons les provisions de survie et mettons cap vers l'ouest, direction Esch-Belval.

Cet endroit présente les traces d'une population laborieuse qui construisit là des bâtiments monstrueux dont les vestiges ne donnent qu'une faible idée de l'activité qui régna ici au siècle dernier. Il va sans dire que pour bien comprendre, il y faudrait "le bruit et l'odeur" ; les fumées et les incandescences. Tout ici est tuyauteries, tours, halls, cheminées… où métal rouillé et brique voisinent avec des matériaux plus rares tels que cuivre, acier zingué. Il n'y pas si longtemps qu'une civilisation industrielle prospère y produisit dans trois hauts fourneaux d'énormes quantités d'acier(s) ! Deux hauts-fourneaux sont encore miraculeusement debout, objets de controverse entre un clan conservateur qui souhaite préserver la mémoire ouvrière et quelques progressistes qui préfèreraient tirer un trait sur le passé en rasant tout. Les premiers ont en partie gagné, puisque si un des HF a été démonté et vendu aux chinois (contre une poignée de T-shirts ?), les deux autres ont été classés Monuments Historiques. Reste à les mettre en valeur ! Pour l'instant, une ville futuriste se construit tout autour, toute de verre, d'acier et de béton. C'est un gigantesque chantier surréaliste qui contraste avec les restes de l'aciérie qu'il ceint. Construction contre déconstruction. Passé manuel contre futur intellectuel. Usine contre bureaux, universités, commerces…. De chaque coin de rue, on a une vue plus ou moins furtive, plus ou moins fantastique sur l'aciérie. La ville nouvelle est comme une coque protectrice. Souhaitons qu'elle n'en soit pas le sarcophage et que l'aciérie ressuscite sous forme d'espace ludique, culturel, historique… Quelle belle revanche pour les métallos si des enfants y jouaient au ballon dans les halls abandonnés, au pied des deux hauts-fourneaux sauvegardés !
Esch-Belval est reliée à Luxembourg-ville par une gare futuriste encore en chantier (Belval-universités) dont l'aspect est celui d'un monstrueux ver blanc.

En ce matin de jour férié, tout ici est calme et désert. Seul, sur le terrain des "Triplettes de Belval" (sic !), un petit groupe anachronique de trois ou quatre personnes prépare un repas champêtre près d'une tente marabout. On se croirait au cœur d'un film de science fiction !

















…is love !
L'installation sur la gauche est une œuvre d'art qui aurait sa place au CPM.
















La gare est coiffée d'un toit blanc très haute-couture qui n'est pas sans évoquer celui du CPM.

L'endroit étant quasiment désert, j'ai suivi à distance respectable ce groupe d'individus à la mine patibulaire, me demandant si c'étaient des voyous ou plutôt des vigiles comme le confirmerait leur regard multidirectionnel. Le premier étant armé, je suis restée sur mes gardes.


(Photos du 13 mai 2010)



Après nous être attardés plus longtemps que prévu et que de raison (?) nous nous arrachons de cet endroit bizarre, étonnant, captivant… que tous les qualificatifs de mon Petit Robert ne sauraient suffire à décrire.

(À suivre !)

4 commentaires:

  1. Excellent, merci pour le compte rendu Mam'

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  2. Ouais. Le premier, avec son arme, si on était en Irak, un hélicoptère l'aurait déjà plombé et Wikileaks en ferait état... J'l'écris pour rire et en même temps ça fait frémir...

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  3. JOli !!! mais je veux garder mon anonymat !!! :)

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  4. (Tu peux ôter ton masque : je t'ai reconnu !)

    Merci à tous !

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